mardi 6 mars 2018

Printemps des poètes 2018


oui, poéter se pratique encore ! 


Suivant mon travers habituel, qui consiste à faire le tour du sujet avant de l'aborder de face, puis de le développer, voici un détour qui va finir par aboutir (j'espère) à vous parler de poésie !

Hubert Nyssen, né le 11 avril 1925 à Bruxelles et mort le 12 novembre 2011 à Paradou est un écrivain et éditeur français d'origine belge, fondateur des éditions Actes Sud. Après avoir grandi à Boitsfort, l'une des 19 communes de Bruxelles, Hubert Nyssen s'établit en Provence en 1968.

Nous arrivons en Arles en mars 1976, huit ans plus tard. Il se trouve que nous devenons amis de JJ et F W, venant eux aussi de Bruxelles. Ils fondent un atelier d’encadrement à Paradou, commune voisine de Maussane. Nous avons besoin d’encadrements, et davantage encore d’encadreurs de talent, susceptibles de créer des cadres un peu fous, novateurs, assortis à la gravure, et nous en collectionnons des tonnes à l’époque. Les cadres sont signés Agré, le nom de famille de Françoise. Il se trouve que nos amis sont voisins des Nyssen, Hubert, et son épouse Christine Le Boeuf, descendante d'une riche famille d'hommes d'affaires belges dont Henry Le Bœuf et Albert Thys. Christine est dessinatrice, et je me souviens encore d’une immense carte de la Camargue, dessinée par elle, et ornée de tas d’oiseaux dont forcément des flamants roses. Elle méritait (et a eu) un encadrement Agré !

Deux ans plus tard, en 1978, rompant avec son passé commercial, Hubert fonde à Arles, avec l’aide de Christine, les éditions Actes Sud. Dans cette nouvelle vie, ses dispositions pour les affaires jointes à son talent littéraire ne tardent pas à porter leurs fruits, alors que, à l'époque, installer une maison d'édition dans le sud de la France constitue une audace inédite, toutes les grandes maisons d'édition françaises étant parisiennes. C'est un défi et une véritable exception culturelle. Parmi ses nombreuses réussites éditoriales, il fait connaître l'auteur américain Paul Auster et l'écrivain russe Nina Berberova, en traduction française, et publie en français la trilogie de romans policiers suédois Millenium.

Françoise Nyssen sa fille participe à la direction d'Actes Sud depuis 1987, nous sommes à cette époque partis en Corse depuis deux ans, en mars 1985, en plein milieu d'année scolaire. Aujourd’hui elle est Ministre... et vient de lancer le printemps des poètes, avec la phrase : 

-« la poésie est ce qui rompt l’accoutumance » !

C’est l’occasion de redécouvrir Raymond Queneau, avec des phrases oubliées, et pourtant d’une force peu commune quand il définit la poésie 

« un poème »

Bien placés bien choisis
quelques mots font une poésie
les mots il suffit qu’on les aime
pour écrire un poème
on ne sait pas toujours ce qu’on dit

lorsque naît la poésie
faut ensuite rechercher le thème
pour intituler le poème
mais d’autres fois on pleure on rit
en écrivant la poésie
ça a toujours kékchose d’extrème
un poème


et il complète :

Pour un art poétique

Prenez un mot prenez en deux
faites les cuir' comme des oeufs
prenez un petit bout de sens
puis un grand morceau d'innocence
faites chauffer à petit feu
au petit feu de la technique
versez la sauce énigmatique
saupoudrez de quelques étoiles

poivrez et mettez les voiles
Où voulez-vous donc en venir ?
A écrire Vraiment ? A écrire ?

Je ne vais pas répéter ce que l’on dit de Raymond Queneau, "pessimiste actif" ? Il n'empêche que derrière l'humoriste, le sceptique ou encore le malicieux mystificateur se cache un homme passionné par le savoir encyclopédique, qui ne cesse de poser cette question :

« quelle satisfaction peut-on bien éprouver
à ne pas comprendre quelque chose? ».


Je salue l’homme cultivé, touche à tout et curieux, l’auteur de paroles dont on a oublié qu’elles sont de lui, je n’ai pas fini de vous en parler !

merci à :


Jean-Marc Barr, Françoise Nyssen, ...poètes


c'était une carte beaucoup plus jolie
après tant de déménagements, où peut-elle bien être ?