dimanche 1 octobre 2017

Le moulin de Pagnol à vendre !

Feuilletant le Figaro, rubrique "l'art de vivre avec propriétés", je tombe sur un entrefilet : moulin à vendre ! C’est un moulin du 17ème siècle, entièrement rénové, avec son bief, et 2,7 ha de verdure. A la limite du Maine et de l'Anjou, sur les rives de la Sarthe, au coeur de sa vallée verdoyante et parsemée de sites d'intérêt patrimonial et historique. L'autoroute A11 est à une dizaine de minutes tout comme la gare TGV de Sablé-sur-Sarthe (1h20 de Paris) ; il faut 35 min pour rejoindre celle du Mans (55 min de Paris).Située non loin de là, la petite Cité de caractère de Parcé-sur-Sarthe, riche de son patrimoine médiéval, dispose de tous les commerces, ainsi que de deux écoles. Près aussi, Malicorne-sur-Sarthe, avec sa célèbre faïencerie, et Sablé-sur-Sarthe complètent avantageusement l'offre en écoles, collèges, lycées et autres structures culturelles et sportives.


une immense chaussée ("aux moines" coupe la Sarthe en biais, tellement qu'il a fallu créer une écluse en face

Posé sur la rivière au pied d'un côteau, invisible de la route bordée d'arbres et de haies, le moulin se laisse apercevoir au bout d'un chemin goudronné bordé d'hortensias. A gauche, on découvre la dépendance transformée en maison d'amis. Derrière celle-ci,  une cave. Sur la droite, la Sarthe borde le terrain sur 400 m. Un barrage emmène l'eau vers la roue restaurée en 1997 qui entraîne tout  le mécanisme situé dans la salle meunière. De facture massive côté rivière, les contours se font plus doux côté jardin. Une grande terrasse accueille le visiteur et offre un panorama sur la rivière. Beaucoup de travaux ont été réalisés en 1996 et les menuiseries ainsi que la toiture en ardoise ont été refaites. Les murs sont en pierre apparente.




Il y a de quoi loger du monde ! 10 pièces ; 350 m² ; 5 chambres ; 1 seule salle de bain, c’est un peu court, c’est vrai ! Mais le terrain mesure  28 600 m²

Le logis s'étage sur quatre niveaux.

Rez-de-chaussée
Une porte sous un arc en plein cintre permet d'accéder à l’ancienne salle de meunerie, dont tous les mécanismes sont en état de fonctionnement. S’y trouvent un coin cellier, un escalier de service pour monter au premier étage, un grand garage pouvant abriter deux voitures et la cuve à fioul. En pignon, la roue à aube sur fuite d'eau.

Premier étage
On parvient au premier étage par un escalier extérieur en bois, accolé à une tour. L’entrée-boudoir dans la tour a vue sur la rivière. On pénètre ensuite dans un séjour avec cheminée, baie vitrée et fenêtre sur bief et rivière. Viennent ensuite une petite salle d'armes de chasse, des toilettes, une cuisine, une grande salle à manger et une lingerie.

Deuxième étage
Le palier et un couloir voûté, qui fait penser à celui d'un monastère, desservent une chambre principale avec salle de bain attenante, puis une autre chambre avec salle de bain. Au bout : un escalier.

Troisième étage
Y ont été installés une vaste salle de séjour avec bibliothèque, et une chambre, attenante, avec coin toilette. Tout l’étage est mansardé, avec poutres apparentes.



Dépendances
En bas du chemin d'entrée, séparé de l'habitation principale par une pelouse, le bâtiment a été aménagé en maison de 3 pièces.

Cave
Creusée dans la pente, derrière la petite maison, elle est accessible par un escalier en pierre.

Abri de jardin
Constructions en bois , l'une fermée, l'autre ouverte, pouvant abriter des animaux ou servir de remise pour du matériel.

Le parc
Terrain paysager de près de 3 ha entièrement clôturé ou longeant la rivère Sarthe. Il est en deux parties. L'une en pente douce, tout en longueur au bord de l'eau, parsemée d'arbres d'espèces variées. La berge est plantée d'arbustes.



Un chemin de marches en bois sous couvert permet d'entrer dans la deuxième partie; elle est composée pour une moitié d'une prairie et pour l'autre d'une sapinière avec, dans un angle, les constructions en bois, accolées, l'une fermée, l'autre ouverte, qui peuvent abriter des animaux ou servir de remise à du matériel. Des massifs de fleurs et des pelouses entourent les habitations.

Le must est cette citation :

“Je vous préviens en outre que le moulin est un endroit magique. Vous n’y trouverez jamais aucun contre-temps. Tout s’arrange, tout réussit. “ Marcel Pagnol, Correspondance. Voilà ce que disait l'écrivain de ce lieu qu'il a habité, où il a écrit un livre, imaginé deux films. Une telle caution ne risque pas d'être démentie par les nouveaux occupants tant cette forte bâtisse est racée, tant est harmonieuse la nature qui l'environne, tant la Sarthe, qu'on ne se lasse pas de regarder, semble reculer l'horizon. L'endroit favorise l'inspiration. Il respire la sérénité et la douceur de vivre.

Thierry Dehayes nous raconte la suite : Marcel Pagnol découvre la Sarthe en 1929. « Il vient une première fois dans la Sarthe en 1929, à l'invitation d'un de ses amis, Raymond Boulay, le directeur d'un théâtre-cinéma à Lille qui possède une propriété à Dureil. L'année qui suit, Marcel Pagnol est dans une passe un peu difficile. Il vient décrire Topaze et Marius, qui sont des succès de théâtre énormes. Il est incapable de se remettre au travail. Il part alors dans la Sarthe comme s'il partait un peu en retraite. »

Pagnol, dont les amours avec la comédienne Orane Demazis, (future « Fanny ») s’effilochent, cherche la discrétion pour abriter sa liaison avec Kitty Murphy, une jeune danseuse anglaise. Le Moulin d’Ignières offre la quiétude nécessaire, loin des commérages parisiens. Illustre depuis le succès de sa pièce « Marius » jouée en 1929, Pagnol trouve aussi sur les bords de la Sarthe un endroit qui l’inspire. Très fier de cette bâtisse édifiée vers 700 par les moines de La Couture, le dramaturge y reçoit quelques proches.

En 1933, l’écrivain célèbre s’essaie au cinéma. Il tourne son premier film dans le décor bucolique des environs de Parcé. « Le gendre de Monsieur Poirier » fixe sur la pellicule le moulin, mais encore le proche château de la Taronnière ainsi que la ferme de la Courjartière.

Les alentours accueillent l’équipe de tournage. En 1995, Jean Pinault, le fils des propriétaires de l’Hôtel de la Lune à Parcé, évoquait les grandes tablées. « Tous les jours on fonçait pour regarder les prises de vues au milieu des figurants et des machinistes. Chaque jour à 11 heures mon père partait avec le ravitaillement pour toute l’équipe du film » raconte-t-il.

« Je chasse, je pêche, je lis… »


Depuis sa thébaïde, Pagnol écrit à un ami : « Je me suis retiré à la campagne. Je chasse, je pêche, je lis, j’écris, et surtout je travaille à mettre au point un moteur nouveau que j’ai inventé ». Bricoleur doué, le méridional a décelé les possibilités de ce moulin à blé vendu avec son outillage complet. « Je suis en vacances sans l’être. Si je viens dans ce petit coin enchanteur de la Sarthe c’est surtout pour être tranquille et me reposer de la vie trépidante de la capitale ce qui ne m’empêche pas de travailler à de futurs films et de bricoler ce vieux moulin » confiait-il. Pendant la guerre, dans ce refuge paisible, il remet en état la roue à aube afin d’alimenter le moulin en électricité et ainsi brancher la radio. C’est à Ignières que Marcel et Jacqueline Pagnol (entre-temps la jolie Kitty a quitté la scène) apprennent le Débarquement le 6 juin 1944.





Marcel Pagnol avait conquis les gens du coin. « Il émanait de lui une telle gentillesse, une si franche simplicité que je me sentais parfaitement à l’aise tandis qu’il reprenait son travail dans sa forge », écrivait Georges Martineau du « Maine Libre ».  Lors de cet entretien Marcel Pagnol promet: « Désormais, je ne tournerai plus que des films en couleur, car on va être bientôt inondé de productions américaines en « pâtes de guimauves » ».


« La belle Meunière » sorti en 1948 sera en effet un des premiers films français en couleur. Toutefois, contrairement à ce qu’avait envisagé Pagnol, il ne sera pas tourné en Sarthe. Car entre-temps, le moulin d’Ignières avait changé de propriétaire.

Avec Jacqueline Pagnol, sa dernière épouse qui sera sa "Manon" dans "Manon des Sources", Marcel Pagnol aimait à retrouver le moulin d’Ignières.  


Pour quelques  890 000 €, avec la certitude d’écrire un best-seller, je ne vois pas comment une telle aubaine pourrait vous échapper !

Et en cas de crise, et même privé d'électricité, vous vendez votre propre farine et remboursez aisément le capital investi !


je viens d'acheter un appartement sublime à Toulouse

je manque de fonds pour recommencer...

...Achetez,

 vous  !