lundi 14 août 2017

La Psyché de Pradier

le papillon de Canova
         ...au Louvre !

Vous voyez bien que je suis accroc à Psyché, mon premier billet sur elle datant de …sept ans ! http://babo-gazettedesarts.blogspot.fr/2011/08/psyche.html. Nombre de sculpteurs se sont essayés à ce thème, qui représente une femme, tenant un papillon. Qui est la femme ? Quel est le papillon, toujours amusant à décrypter !

L'oeuvre fut exécutée au cours du second séjour de Pradier à Rome, entre juin 1823 et juin 1824 (il a alors 34 ans). Dans une lettre au peintre Gérard dont il était très proche, le sculpteur lui apprend que le hasard lui a fait acheter « une colonne antique en marbre de Paros, trouvée à Véies, et, pour m’en servir, j’ai composé une figure grande comme nature. On pourrait la nommer Psyché. C’est une jeune fille debout qui va prendre un papillon posé sur son bras gauche ».



La mention à Gérard m’intéresse, dans la mesure où c'est le  peintre qui a peint Psyché, son âme, voletant au-dessus de sa tête, symbolisée par une piéride blanche, la couleur est d’importance. Psyché jusque là mortelle, disposant d’une âme immortelle grâce au dieu Cupidon, devient ainsi déesse, digne de l’amour que lui porte le dieu. Ils sont immortels tous les deux et accèdent à l’Olympe (1).













le papillon de Pradier fait penser à un ver à soie ?







Comme dans la plupart des statues féminines de Pradier, on peut reconnaître ici une multiplicité de sources plastiques :

Par son thème (Psyché séparée de l’amour et absorbée dans la contemplation de sa propre nature) et par sa pose, la statue de Pradier évoque certaines figures de Canova et notamment sa Psyché solitaire.


Par son déhanchement prononcé, elle rappelle la Vénus de Milo, révélée à Paris en 1821 (soit 2-3 ans plus tôt) : d’ailleurs les critiques du Salon de 1824 le notèrent.

L'oeuvre de Pradier se réfère donc à  l’Antique mais un Antique nuancé de références à la sculpture française de la Renaissance comme en témoignent :

•la sinuosité du dessin
•le caractère maniéré de la disposition des bras et des mains
•l’inflexion de la tête
•l’arrangement de la chevelure relevée en masses symétriques
•le gros bijou central qui la pare
•et la ferronnière qui divise le front, tout cela fait penser au XVI° siècle.

Emeric David, un des critiques les plus avisés à saisir les déviations de l’Antique, n’a pas manqué de l’indiquer : « la Psyché..brille d’une sorte de grâce florentine, qui n’est pas sans attraits : elle rappelle Jean Goujon »

Par ailleurs, par ses formes épanouies et sa sensualité, cette Psyché rappelle également la sculpture du XVIII°siècle.


Comme je cherche toujours, je trouve, notamment cette version de Carrier-Belleuse. Elle est à vendre sur ebay, et je pourrais l’acheter mais j’en ai déjà assez, et puis le prix est trop élevé, celui d’une petite voiture électrique (chinoise). Je sais : aucun rapport !





on peut aussi acheter une pendule !



























Je n’en ai ni besoin, ni envie...

quoique ?

(1) Gérard : Cupidon et Psyché
PS : les fois précédentes :


tous les artistes ne brillent pas par leurs connaissances entomologiques
les ailes de leurs papillons sont souvent sommaires

alors qu'il leur suffisait d'ouvrir un dictionnaire ! 

(c'est aujourd'hui Port-de-Lanne...!
à suivre !)