jeudi 9 juin 2016

Saint-Etienne à Valcabrère (3)

le texte fondateur




































Nous avons vu que Valcabrère abritait les reliques de Saint Just, si ce n’est de Pasteur. Nous le savons car l’acte de consécration existe encore ! Huit cent cinquante ans plus tard ! Voici ce qu’il indique :


« L'an de l'incarnation 1200, Philippe-Auguste (qui mène avec Richard Cœur de Lion la troisième croisade)  étant roi des Français, au mois d'octobre, ce maître autel a été consacré en l'honneur de saint Étienne premier martyr et des saints martyrs Just et Pasteur, par le seigneur R. évêque de Comminges »

En parfait état et très lisible, ce document est de première importance : ce texte accompagnant les reliques avait été enfermé à l'intérieur d'un chapiteau évidé, placé dans la maçonnerie de l'autel. Il a été découvert en 1885 par un curé de Valcabrère et publié en 1886. Il nous donne la seule datation précise de cette église puisque c'est Raimond-Arnaud de Labarthe, évêque de Comminges (1188-1205), qui a consacré l'autel. À l'intérieur du chapiteau reliquaire, on découvrit aussi une urne cinéraire en verre irisé, des lambeaux d'étoffe qui semblaient imbibés de sang, une vertèbre et un autre os en parfaite conservation, et enfin une petite ampoule cachetée avec certains débris de nature indécise et un fragment de drap d'or. Ces reliques diffusaient leur pouvoir autour du sarcophage, nimbant les pélerins de leur saint rayonnement propre à une guérison espérée !


Alors Saint-Etienne, premier diacre ?

Les Sept diacres sont mentionnés pour la première fois dans les Actes des Apôtres (6:1 et suivants). Ce sont des hommes ordonnés par les Apôtres pour le service de leurs frères. Le diacre est alors un homme choisi par les chrétiens et qui, après l'imposition des mains par l'un des apôtres, est appelé à s'occuper des plus démunis de la communauté.

Rapidement, les diacres seront appelés à gérer les biens matériels de l'Église naissante. Ainsi, furent désignés selon les écritures, les sept premiers diacres de l'Église primitive.


              Les voici :
cathédrale de Sens

Stephanos de Grèce, premier martyr et premier diacre ; devenu Stéphane ou Étienne ou Steeve ou Steven ; fêté le 26 décembre en Occident, le 27 décembre en Orient, le 2 août (transfert des reliques) en Orient et en Occident, le 3 août à Vimercate en Lombardie. C’est le nôtre, celui de Valcabrère, et auparavant de Pailhac où nous avons commencé ce pélerinage.

Ensuite, il y a Philippe ; fêté le 11 octobre (antérieurement le 6 juin en Occident) ; Prochore ; fêté, avec quatre autres diacres, le 28 juillet ; Nicanor ; fêté localement le 10 janvier. Comme moi vous constaterez que ce prénom est oublié, comme le suivant : Timon ; fêté le 19 avril en Occident et le 30 décembre en Orient ; Parménas ; et enfin Nicolas.

le jeune Just à gauche tient le Livre fermé, alors qu''Etienne à droite le maitrise parfaitement
et le brandit ouvert

à gauche, sous St Just, deux animaux se "mordent la queue" : l'ouroboros
tandis que Saint-Etienne est juché sur la "dualité réconciliée"



L’ouroboros est une figure du Logos. -« Je suis l’alpha et oméga, le commencement et la fin » dit le Christ.

Le cycle christique se décline en quatre temps :

1 –  L’Incarnation : le Verbe de Yahvé descend du ciel sur la surface de la terre (naissance, vie de Jésus).

2 – La Mort : le Christ de chair meurt. Il est enseveli et descend aux Enfers.

3 – La Résurrection : le troisième jour, il ressuscite, c’est-à-dire qu’il remonte à la surface de la terre dans un corps glorieux.

4 – L’Ascension : le Christ remonte au ciel, vers le Père, c’est-à-dire de là où il était descendu. Le cercle est fermé.
  

L’ouroboros durant le Moyen Âge, est un emblème de l’initié, dans les milieux religieux et dans certaines confréries laïques. Il fut le « symboles des révélations successives de la science, de la connaissance réservée à l’Elite, et du silence qui s’impose à l’initié »
La dualité de St Etienne nous rappelle les propos de Benoit XVI fêtant St-Etienne le 26 décembre :

-"Chers pèlerins francophones, au lendemain de Noël, le martyre du diacre Etienne montre que la naissance du Fils de Dieu a inauguré une ère nouvelle, celle de l’amour : l’amour abat les barrières entre les hommes. Il les rend frères en les réconciliant par le pardon, donné et reçu. Que l’intercession de saint Etienne, fidèle jusqu’au bout au Seigneur, soutienne les chrétiens persécutés et que notre prière les encourage ! À sa suite, témoignons sans peur, avec courage et détermination de notre foi. Bonnes fêtes à tous !"

on réfléchit, n'est-ce pas, 

en visitant Valcabrère !


ce n'est pas tout à fait terminé...

...il y a une suite !