dimanche 27 juillet 2014

J’ai entendu la Gaudense !



Nous sommes dimanche 27 juillet, la Guilde des carillonneurs fait étape à Saint-Gaudens dans le cadre de son congrès national. L'occasion d'un grand rendez-vous au carillon de la collégiale. Vous pensiez après avoir aimé le film : « les Chtis » que seuls les habitants du Nord appréciaient le carillon ?

Nous aussi !

La puissance invitante : l'association des Amis de la Collégiale et de l'Orgue. 

















Des airs populaires ou classiques sont interprétés au clavier manuel du carillon, situé au sommet du clocher de la Collégiale. On a l’habitude d’entendre le jeudi l’air marial : « des saints et des anges et tous les élus, qu’on prononce : é-é-lus » ! Et puis naturellement "que canto" ! Je demande à Pierre Vinsonneau qu'on joue "frères Jacques" ! Un récital apprécié au grand air,  depuis la place Jean-Jaurès et les rues avoisinantes.


La venue du Congrès National à Saint-Gaudens est la reconnaissance de la qualité du carillon de la Collégiale, entièrement remanié et complété grâce aux dons des membres de l'association des Amis de la collégiale au cours des années 1980 et 1981 pour en faire, une fois restauré, un véritable instrument de musique.


Le clocher comprend 36 cloches. Attendez : il n’y en a que 24 à la basilique Saint-Sernin de Toulouse ! Trente, plus six. Trente, cela représente les notes de 3 octaves. Les six sont les plus grosses. Le carillon d’origine comportait dix-sept cloches fondues pour la plupart en 1879 par Pourcel de Villefranche de Rouergue, dont la plus grosse, Gaudense, qui joue le fa # pèse 1.130 kg. Parmi les autres, figure l’une des plus anciennes de France, pesant 800 Kg, fondue par Arnoldus Senherri en 1356 ! Elle a été classée Monument Historique le 9 novembre 1906. J’ai eu beau chercher : impossible de savoir qui est ce Senherri fondeur de grosses cloches !





Dans les années 1980-81, le carillon est agrandi à 36 cloches grâce au rapatriement d'une cloche d’Algérie organisé par Claude Seyte et les Amis du carillon languedocien. Heureuse initiative, vous observerez qu’il n’y a pas de cloches dans les mosquées ! A été ainsi installée la cloche de 200 Kg donnant le sol # qui manquait.  Le clavier manuel, réalisé bénévolement par des artisans menuisiers locaux en 1981, est une copie de celui de Saint-Vincent à Carcassonne.


Les six plus grosses cloches (Ré, Mi, Fa, Fa#, Sol et La de l'octave3) sont équipées pour être sonnées à la volée. De ces six volées, cinq sont électrifiées, le Fa#3 n'est plus utilisé en volée, il n'est utilisé qu'au carillon et en tintement électrique. La sonnerie mêle plusieurs types de volée, le lancé franc, le super lancé ou encore le rétrograde pour le bourdon. Vous verrez sur les vidéo que lancer de grosses cloches au pied est tout à fait sportif…et même...casse-gueule… ! On s'accroche les deux mains aux rambardes rouillées en bas à droite, et on pousse du pied ! Plus de main disponible pour se boucher les oreilles...! Une future discipline olympique ?

 

















Les particularités de l'infrastructure résident dans le beffroi qui n'est pas directement posé sur un des étages du clocher mais est placé depuis 1876 sur un jeu de coussinets ronds en métal absorbant la majorité des vibrations et mouvements de la charpente, qui oscille de plusieurs centimètres pendant la volée. Comme les anciens moteurs Citroën représentés par un cygne voguant sur les eaux, la charpente est donc « flottante » ! On peut également évoquer le fait que les jougs des cloches de volées sont tous (à l'exception du bourdon) munis de leurs planches à pousser au pied, datant d'avant l'électrification de l'ensemble et permettant encore d'effectuer les volées manuelles….je devrais plutôt dire : « pédestres » !


 Détail : beffroi vient du vieux saxon bel (d’ailleurs c’est le nom d’une cloche en anglais). Et de fred, la paix. J’ai enfin trouvé l’origine du blason de Saint-Gaudens,

Gaudense, la cloche bleue !


pour écouter la Gaudense :

je suis la Reine de 17 cloches...baptisée le 7 juillet 1879


Il existe un inventaire des carillons de France :

je sais, il faut repérer le fa# :

on s’y fait avec un peu d’habitude !