samedi 24 mai 2014

L’orgue de Cavaillé-Coll




Ça y est : il fonctionne !

Vous avez l’habitude ? vous entrez dans une église ; une cathédrale ; une collégiale : un orgue est là, suspendu au plafond, un tantinet poussiéreux : vous le regardez comme un dinosaure : forcément : un orgue n’est pas fait pour être regardé, mais pour être entendu.

Je me rappelle Giscard d’Estaing disant que, pour lui, l’idée de la Création, l’idée d’une entité supra-humaine susceptible d’avoir créé l’univers, ne pouvait être suscitée que par deux voies : la Religion, et la Musique. L’orgue est l’instrument traditionnel de la musique sacrée. L’orgue est fait pour donner aux fidèles l’émotion de Dieu. Ses sons parlent aux tripes. Quand on entend l’orgue, les basses de l’orgue, on a peur de Dieu.




Nous avons un orgue, un grand orgue à la Collégiale. Ouf, en dignes conservateurs du patrimoine, nous l’avons remis en marche, l’expression idoine est : « nous l’avons relevé ». A l’origine, il a été créé en 1827 par Dominique Cavaillé-Coll, lui-même fils d’un facteur d’orgue, originaires de Gaillac, ayant appris la facture (on dit facteur d’orgues) au contact des grands (facteurs) du midi de la France : nous sommes donc typiquement dans le XVIIIè, on dit « un grand huit-pieds » comme on parle d’un piano en disant « quart de queue ». Plus tard, je m’amuse de constater que c’est Robert Chauvin de Dax qui a procédé aux restaurations en 1985. Tous nos grands facteurs se baladent aussi bien dans le midi de la France qu’en Espagne, où Antoine nous avait emmenés visiter un facteur en Aragon.



Donc notre orgue est relevé, l’inauguration avait lieu hier soir, transformant la collégiale en salle de spectacle (dans une église, on n’applaudit pas. Dans une salle de spectacle, on a le droit d’applaudir). Ca me fait réfléchir à une évolution des cérémonies religieuses : et si on y pratiquait davantage de concerts ? (ceci est un autre sujet… !)
 
vous voyez bien que dès l'origine, Cavaillé-Coll avait prévu des trompettes !
L’astuce était de faire appel à Aeris, un quintet de cuivres, associés à l’orgue, interprétant des chefs d’œuvres de la musique sacrée et profane comme le « Te Deum » de Marc- Antoine Charpentier, les « Fanfares » de Mouret, et les magistrales « Water Music » de G.F. Haendel . Cela doublait le son et faisait « bouger davantage les tripes » (si l’on peut dire) : effet réussi !

On a eu droit à l’orgue seul, puisque c’était le prétexte à la soirée. Au clavier : Gilbert VERGÉ-BORDEROLLE, ancien élève de Xavier DARASSE au Conservatoire National de Région de Toulouse.



Depuis 1986, il est le titulaire des grandes orgues de la Collégiale tout en faisant partie du Collège des organistes de la Cathédrale de Saint-Bertrand de Comminges. Je vous donne rendez-vous pour le festival d'août prochain !

Hier soir il nous a développé sa large palette, avec pour conclure une messe de Nicolas de Grigny, Gloria, récit de tierce en taille.

J’espère qu’à la messe du dimanche

la vraie

on va nous faire vibrer de nouveau ?

(sauf que demain on vote !)

pour les croyants, seul Dieu siège sur le trône suprême !



PS : naturellement, mon monde de représentation purement visuel est totalement à côté de la plaque en cette circonstance : je ne puis vous faire entendre l'orgue, c'est bien dommage !
...mais vous trouverez des extraits sur le site d'Aeris ci-dessus.