lundi 28 janvier 2013

Merci Bernard-Henri !

photo :  le Point, dimanche 27 janvier 2013

Nous sommes lundi 28 janvier 2013, lendemain de l’arrivée du jeune vainqueur du vent des globes ! Oui, car les télés s’étant polarisées sur lui, ont oublié son second : Armel le Créac’h arrivé seulement 3 Heures 17 minutes plus tard, c’est à dire ayant réalisé le même record de 78 jours pour faire le tour du monde (excuses, il est arrivé la nuit tombant, et les cameramen qui avaient travaillé tout le dimanche n’avaient plus de lumière et avaient rejoint leur bercail)

Comme cependant un reportage aux Sables d’Olonne était l’occasion de faire une bouffe de fruits de mer plutôt que rester à Paris, voilà-t-il pas que les télévisions ont omis de montrer nos amis gais devant la Bastille réclamer l’égalité du mariage pour tous, seule occasion après tout d’obtenir enfin la reconnaissance éclatante de la Société, d’être considérés semblables aux autres citoyens. J’écris volontairement gais avec un i, car je réfute l’orthographe clivante utilisant l’Y, j’espère que vous lutterez avec moi contre cette discrimination linguistique.
chez les papillons, on appelle ce geste : "copula"

Je nageais un peu dans la confusion qui entoure ce sujet de société (si mal explicité dans les média), mais ce matin, écoutant sur Europe la voix pleine de certitudes de Bernard-Henri Lévy, rapportant sa soirée de la veille clôturant la manifestation du mariage pour tous aux côtés de la compagne du Président (elle qui a la retenue de passer à côté d’un mariage pourtant bien légitime), et Pierre Berger (je ne cite pas les autres), j’ai soudainement tout compris, et retrouvant mes réflexes d’ingénieur (Agro, on dit : ingénieur du vivant) remis en avant par François Gabart et son compagnon d'armes. Je vous propose donc la (malheureusement longue) synthèse suivante :

1-/ « le mariage n’est jamais qu’un contrat. Pas un sacrement. Le sacrement, c’est pour l’Eglise, ce sacrement, étant consacré devant Dieu » (sic de BHL). Qui c’est Dieu ? « Pour nous citoyens de la République, c’est le Parlement, qui décrète la Loi ». J’aime bien, je retrouve la notion du pouvoir divin qu’exerce le Prince qui nous gouverne, successeur de Clovis, et je salue l’œuvre de la Révolution, la Chartre des droits de l’Homme, et l’intelligence de notre laïcité. Ne mélangeons plus tout : l’égalité c’est l’égalité, quiconque veut se marier, puis divorcer, après tout, peut bien le faire, s’il reste responsable de ses actes, et n’en tire pas argument pour des avantages nouveaux.


J’ai compris que je devais devenir pour, et que réagir autrement était interprété comme le contraire : une homophobie inacceptable. Je suis coincé par ma bonne foi ! Soyons beaux joueurs ! SOYONS POUR !

2-/Le désir d’enfant est la conséquence logique du mariage civil qui précède. Deux cas se présentent alors, forcés il faut bien l’avouer, par une absurde différence installée par… ? …par qui ? ce fichu Dieu réfuté par la Démocratie ? qui aurait (dans une vision il faut dire très simpliste), créé Adam et Eve alors que l’on sait que les humains résultent d’une évolution bien plus compliquée que cela. En réalité, nous sommes biologiquement des placentaires, comme les mammifères, même supérieurs, et la transmission de notre espèce résultait jusqu’il y a quelques années de la fécondation d’un mâle et d’une femelle rapprochant leurs organes génitaux, fécondation agrémentée de quelques aménités positives que l’on classe chez nous dans le vaste ensemble de ce qu’on nomme la sexualité. Il faut bien dire que c’est l’un des domaines les plus puissants pour agrémenter la vie, et que l’union traditionnelle d’un homme et d’une femme s’en accommodait (jusqu’à maintenant) agréablement. Pour être honnête, je reconnais que les plaisirs saphiques sont jugés équivalents par les pratiquants ; que ce sont souvent l’objet de fantasmes ; et que de ce point de vue l’égalité reste totale entre les deux sexes.
la sexualité chez les papillons peut-être exaltée : en haut ce
mâle d'Aurore, et dessous la femelle l'attire par ses phéromones

Mais revenons au désir d’enfant, et commençons par les femmes. La Nature leur a donc donné le privilège de porter l’enfant, créant ainsi par rapport aux géniteurs une inégalité difficile à lever…encore que ?

2-1 /Car il n’est pas si difficile pour une femme de rencontrer un porteur de spermatozoïdes : elle met une annonce sur internet. Répond à la proposition d’un géniteur (sain et propre), et comme l’exprime la littérature populaire « couche avec lui ». Cela ne l’empêche en rien d’être mariée avec une compagne, la seule contrainte étant d’introduire une inégalité entre elles (quant à la maternité). Pas de problème, que l’autre fasse de même (avec le même géniteur ce qui est commode puisque la première le connaît déjà), ou avec un autre. Il n’en manque pas !

Vous reconnaitrez en passant que l’homme est réduit dans cette hypothèse au rôle de porteur de sperme, puis dans ce cas très particulier, de transmetteur, l’ingénieur (qui a fait des maths) propose « vecteur » (on espère pour lui un moment agréable). S’agissant du mariage de deux femmes entre elles, vous reconnaitrez qu’elles n’en attendent pas davantage, et que le rôle du père est de facto zappé. Peut-on se passer de père dans l’éducation des enfants ? On dirait que OUI, et que par voie de conséquence, la place de l’homme : géniteur et père, en prend un sacré coup dans notre future société ! Vous me dites : ça a déjà commencé : déjà les mecs ont moins de spermato à cause des pesticides ! Il va falloir faire gaffe à conserver la parité !

Vous me direz (aussi) que cette manière de faire (ringarde) introduit une contrainte physique pour la future mère : devoir accomplir le devoir (autrefois) conjugal avec un mec, cela mérite réflexion. Vive la pipette !

2-1-i / …car la façon la plus neutre de procéder est bien entendu la PMA. Grâce aux progrès de la médecine, il est possible dans certaines conditions de pratiquer ce que chez les animaux domestiques on nomme depuis longtemps « l’insémination artificielle » : on récolte du sperme de donneurs (les plus performants chez les animaux, et ils ne sont pas anonymes comme on le verra plus loin). On le congèle dans l’azote. Et grâce à une l’ingénieuse pipette (qui contourne l’horrible acte sexuel), la femme se trouve enceinte je dirais « cliniquement ».

2-1-ii /Nous sommes en France, et l’égalité reste le premier principe écrit au fronton de nos bâtiments républicains. Je parie que les femmes vont réclamer peu à peu des gênes triés ; des maladies génétiques évitées ; des yeux bleus sauf à être verts, sans oublier des cheveux appropriés (roux en Irlande ?). Et bien sûr un petit garçon ou une petite fille. Dans le contrat, (car il y aura forcément un contrat) il y aura quelqu’un responsable le jour où une erreur de pipette surviendra. Ce sera forcément l’Etat, responsable de tout. Ce que je vais vous dire est horrible, mais dans l’espèce chevaline, les mères recherchent (enfin ce sont les propriétaires humains qui le sollicitent) le même père champion, dont la semence est également divisée par dilution, ce qui fait que les descendants sont tous demi-frères et sœurs quelque part ! Evidemment (chez les chevaux) on paie pour cela, dans une économie de marché comme la nôtre, la question survient à un moment ou un autre, après tout des géniteurs au chômage pourraient être tentés par une rétribution ?

J’arrête mes divagations car nous avons pour traiter de ces sujets difficiles un Comité d’éthique, et celui-ci a déjà observé que la médecine avait sans doute pour premier rôle de soigner les maladies plutôt que pratiquer la PMA au bénéfice de gens en bonne santé ; et que ce qu’on appelle l’eugénisme était une voie grave, qu’on ne pouvait emprunter sans y réfléchir à deux fois ! je ne me leurre pas : on n’empêchera pas des cliniques de se reconvertir de la chirurgie esthétique à la PMA, sauf à pratiquer les deux, du moment que cela rend service et génère un profit.

2-1 iii/ Nous sommes en France, où les bienfaits de la Sécurité sociale sont considérés comme un modèle, mettant là également ses bénéficiaires (universels : le monde entier) à égalité. Je ne vois pas au nom de quoi le désir d’enfants de femmes mariées légalement, les amènerait à faire face aux frais médicaux que va entrainer la PMA. J’affirme donc à la suite de la déclaration de BHL que la PMA doit être remboursée pour tous. Quant à savoir comment faire face à cette dépense (supplémentaire) ce n’est jamais qu’un trou de plus dans le puits sans fonds actuel, qui provient de causes similaires. On nous dit de surcroit : « il n’y aura pas tant de mariages homo que ça » !
voici un hermaphrodite bilatéral d'Aurore, femelle à gauche
et mâle à droite. Rarissime, il ne peut se reproduire

Je suis désolé comme mon accord pour le mariage pour tous entraine des conséquences collatérales, que je complique à l’excès, en réalité mes questions les plus vives sont à venir : car il y a des mecs (du sexe masculin), pour qui le désir d’enfant me semble plus compliqué encore à satisfaire !

2-2 / Car il y a les hommes ! (le titre du film était je vous le rappelle : « tant qu’il y aura des hommes ! »


Comment réfuter la contrainte, imposée par la Nature, (décidément pas démocratique), de ne pas nous avoir faits hermaphrodites !) ?

Plagiant Shakespeare, on peut dire : « Car, telle est la question ! »

2-2i/ On ne sait pas encore faire porter par un homme un bébé (j’ignore pourquoi on n’a pas encore transplanté d’utérus chez un homme…enfin…ne doutons pas qu’on y arrive ?). La solution reste évidente, il faut trouver une femme, désireuse de porter un enfant neuf mois, d’ accoucher, et surtout de se priver du dit enfant ensuite, pour le restituer aux commanditaires (juridiquement propriétaires). Cela se nomme la « gestation pour autrui ». Je vous ai rappelé que cette gestation était hyper répandue dans le règne des animaux domestiques. Il s’agit bien de l’humaniser ! Notons que la mère porteuse, elle, n’est pas censée avoir le même désir d’enfant que les hommes qui veulent recourir à ses services. Elle va donc avoir un profil psychologique particulier. Nous avons connu dans les siècles passés les « nourrices », qui donnaient leur lait maternel, protégeant ainsi la maman biologique, du risque d’abîmer une poitrine sexy. Là nous allons un cran plus loin : il s’agit de prêter son corps, de donner un ovule ; et de transmettre des gênes, une ressemblance ; des caractères génétiques…etc.…Il paraît que cela se nomme « la filiation », et il paraît que les gosses y sont très attachés, question de comprendre d’où ils viennent… ? L’essor de la généalogie est là pour l’illustrer. Je parie évidemment que l’ADN du géniteur va être (secrètement) inclus dans des banques de données ! …Pour pouvoir être communiqué (un jour ?) aux enfants soucieux de savoir qui était ce géniteur anonyme ? Leur père biologique.

l'hermaphrodite de Borghese au Louvre

2-2ii/ Je parle de tout cela aux enfants, (les miens) et ils me recadrent immédiatement. Désir d’enfant de la mère porteuse ? Fadaises : si elle a déjà deux ou trois enfants par exemple, le désir pour elle-même a été satisfait. Elle peut donc procréer pour autrui sans frustration ! Quant à ses ovocytes perso si je puis dire : il n’en est pas question : pour qu’elle ne soit pas juridiquement mère, il faut qu’elle porte les ovocytes (anonymes ?) d’une autre femme (donneuse) ! Je dois avouer, je n’y avais pas pensé (pourtant j’ai l’esprit tordu !). En fait, la mère porteuse devient juridiquement et biologiquement « couveuse » ! Elle ne fait qu’héberger un spermato externe, introduit dans un ovocyte itou, qui donnent un bébé simplement hébergé provisoirement dans-la-couveuse-sous-régime-juridique-CDD d’ailleurs ! Il n’y a plus qu’à l’adopter, le BB,  et juridiquement ça colle ! Médicalement, les gestes deviennent rentables puisqu’avant la pipette d’insémination, il y aura le geste de capture puis transfert d’ovocytes. Ca en fait du business ! Si je suis honnête, je remarque que, d’une certaine mesure, j’ai déjà fait ça moi-même en élevant des papillons, et qu’aucun d’entre eux ne s’est jamais plaint ! Par principe de précaution, on va en héberger quelques-uns (ovocytes) au cas où, peut-être hésitant à éliminer la trop grosse production, va-t-on produire des jumeaux voire davantage : ça va doper la natalité !

surprise, côté face !

2-2iii/ De facto, ces pratiques n’ont pas de raison à ne pas être marchandes, car il serait amoral de ne pas indemniser la couveuse. La donneuse d’ovocytes ; et le donneur de sperme. Les avocats vont nous concocter des contrats en béton. Et la médecine va conforter son chiffre d’affaires. Dans la crise de l’emploi obsédante qui caractérise notre époque, les couveuses sans autre qualification vont créer des emplois d’avenir, et améliorer leurs indemnités-chômage par ce nouveau job. Trois BB dans une vie peuvent valoir une maison à la campagne, aux tarifs déjà pratiqués en l'Ukraine par exemple ! J'entends bien parler de 100.000€ par enfant, ou plus modestement, de 2200€ par mois ! Je fantasme sur les recettes fiscales découlant de ces nouveaux métiers ! Je vois bien la formation professionnelle (après stage de 40 heures) délivrer des CAP à la puissance 2 : certificat-d'aptitude-professionnelle (CAP) de couveuse agréée par l’Etat ! (CAE). Je suggère cependant un vocabulaire plus gratifiant : ce sera : « mère porteuse pour tous » ? Je parie qu’on dira : MPPT ?

2-2iiii/ C’est toute une économie qui s’ouvre à l’horizon, et comme on ne pourra pas résister éternellement au gaz de schiste, on ne pourra refuser non plus les charmes de la  procréation pour tous. Etant déjà POUR comme je vous l’ai annoncé ci-dessus, je commence à envisager avec amusement les détours où va nous entrainer la PMA et de la GPA pour tous :  car je ne vois pas pourquoi des hétéro (l'égalité c'est l'égalité) ne recourraient pas à ces procédés, qui pourraient par exemple permettre aux mamans traditionnelles ayant un boulot absorbant de faire couver leurs ovocytes fécondés par le sperme de leur amant, par une tierce personne (dite Mppt) disposée à le faire (et dûment certifiée), en évitant la corvée pour certaines d’être enceintes en perdant des mois de salaire, sans compter leur ligne (restée svelte) ! Je me demande même s'il n'y a pas là une promesse de belle niche fiscale pour ce genre d'investissements ? (c'est un investissement productif, non ?)

Naturellement, je pense à Huxley et aux bébés éprouvettes ! J’ai hâte que la discussion aborde ces sujets passionnants depuis la nuit des temps. BHL a ouvert la boite de Pandore, j’ai hâte de voir ce qu’il y a dedans !

Nous vivons une époque exaltante !
Plus aucun tabou pour freiner le progrès (pour tous) !

on en rêvait en 68…
…il aura fallu 45 ans pour que ça arrive !
Bernard-Henri : je te kiffe !

Joli dos non ? Il y a quasi le même au Prado, mais en bronze !

Dernière minute !
Ceux qui trouvent que j’exagère apprécieront : on apprend mercredi 30 janvier que la Garde des Sceaux a signé vendredi 25 janvier une simple circulaire, ordonnant que la Justice accorde la nationalité française aux BB nés de mères porteuses de nationalité étrangère. Apparemment ces BB n’ont pas été déclarés (en Ukraine par exemple), puisqu’il leur aurait été imposé  la nationalité de la mère (biologique). C’est vrai qu’ils sont sans papiers (français). La ministre appelle cela la contrainte des faits, il s’agit de régulariser des innocents. J'ignore comment il est démontré que le spermatozoide est Français ? Comme quoi il suffit de forcer la loi (en prenant des enfants en otage) pour bénéficier de la bénédiction de l’Etat, décidemment toujours davantage « Etat Providence ». J'attends désormais la régularisation de la GPA par une prochaine circulaire...?