lundi 1 octobre 2012

La grande dent d’Odile (seconde partie)


Grande dent (dure ? ou mamelonnée ?)
…masto_donte


Mastodonte est un terme ambigu en français. Les mastodontes sont des proboscidiens vivant au tertiaire et aujourd'hui éteints (animaux à trompe). Ils appartiennent à la famille des Mammutidae et ne doivent pas être confondus avec les vrais mammouths (Mammuthus), qui appartiennent à la famille des Elephantidae.

Le terme a été forgé par Cuvier à partir des mots grecs mastos (mamelle) et odous, -ontos (dent) en raison des molaires mamelonnées de ce fossile.

Voici une grosse dent mamellonnée de mastodonte (pléonasme) :


                 Quel rapport avec le Gers qui nous borde, nous les gens de Haute-Garonne ?

Une petite digression ! Je dois vous parler d'Édouard LARTET. Justement né dans la ferme familiale de Saint Guiraud, dans le Gers.

Découvrant, grâce à un agriculteur (comme toujours, ce sont eux qui sont sur le terrain), le site paléontologique de Sansan, il y entreprit des fouilles en 1834. Ses principales découvertes, un mandibule de mastodonte (seul mot qui existait pour désigner les gros animaux préhistoriques) et un singe fossile (le Pliopithèque), suivies de nombreuses autres, le propulsèrent au premier rang dans le monde scientifique. Le mastodonte de Sansan, reconstitué, se trouve au Muséum d'Histoire Naturelle de Paris, Muséum dont Édouard LARTET a considérablement enrichi les collections. Ses études paléontologiques et géologiques publiées vers 1850, eurent un retentissement considérable dont on trouve un écho dans "Le voyage au centre de la terre" de Jules VERNES, qui cite l'animal extraordinaire découvert sur le site de Sansan, et s’en sert pour imaginer justement sous la terre le maintien d’animaux fabuleux ayant survécu à la chute de la météorite fatale aux dinosaures.







Après Sansan, Édouard LARTET explora des grottes dans les Pyrénées (Baudéan - Espélugues), dans l'Aveyron et la Haute-Garonne (Aurignac), en Ariège (Massat) et surtout dans le Périgord (grotte de la Madeleine) où il découvrit un mammouth gravé dans l'ivoire, preuve de la contemporanéité des hommes et des animaux préhistoriques, ce qui remettaient en cause la date de l'apparition de l'homme sur la Terre et la faisait reculer dans le temps.

Il publia avec son ami anglais, Henri CHRISTY - qui l'avait accompagné dans ses explorations et l'avait aidé financièrement, une importante étude "Repliquae Aquitanicae".

On lui doit une première classification des époques de la préhistoire : l'âge de l'ours des cavernes, du mammouth,  du renne, de l'aurochs. L'aurignacien et le magdalénien ont une relation directe avec les explorations menées dans les grottes d'Aurignac et de la Madeleine naturellement.

Grâce à ses immenses travaux, on lui a attribué le nom glorieux de "père de la paléontologie".

Son fils, Louis (1840-1899), devint à son tour géologue et paléontologue, et à la demande de son père, atteint par la maladie, il étudia l'homme de Cro-magnon. Il est enterré lui aussi au cimetière de Séissan. Cela toujours dans le Gers. Département fameux donc où sont enterrés aujourd’hui à la fois les fossiles de 1 million d’années, et celui qui les a découverts et nommés il y a 150 ans.


Pour expliquer le passé, plusieurs thèses s'affrontaient:

- Les fixistes, dont le chef de file était CUVIER, pensaient que les espèces créées par Dieu, étaient immuables. Elles disparaissaient lors des grands cataclysmes (le déluge) et étaient créées de nouveau, semblables aux précédentes.

- Les transformistes, avec LAMARCK et GEOFFROY de ST-HILAIRE, expliquaient l'évolution des espèces par l'adaptation au milieu. Ils pensaient que tous les caractères acquis étaient héréditaires, ce qui fut contesté un peu plus tard par MENDEL.

- Les créationnistes, dont LARTET fera partie dans le début de sa carrière, admettaient que la création était unique, qu'il n'y avait pas de grands cataclysmes destructeurs et que l'évolution du vivant était celle d'un appauvrissement progressif et inéluctable.

A la fin de sa vie, sa correspondance avec un abbé, témoigne que sa vision du néant avait changé et qu'il n'était pas loin de la théorie de Darwin.

DARWIN pensait que tous les organismes vivants descendaient d'un même prototype et que toutes les espèces se modifiaient en s'adaptant au milieu par la sélection naturelle. En plaçant l'être humain dans la chaîne du vivant, il niait la théorie biblique de la création de l'homme.


Édouard LARTET, lui confirma son engagement de chrétien, pensant comme beaucoup d’entre nous qu’il y a à l’origine quelque chose plutôt que rien…qu’il y a quelque chose ayant permis l’émergence de la vie organique…quelque chose ayant fixé l’architecture générale des choses, dont les squelettes d'animaux étonnament bâtis suivant le même modèle.  Ensuite, « IL » s’était occupé d’autre chose, laissant l’évolution se faire, les espèces disparaître puis apparaître tour à tour. L’homme seul disposant d’un plus (à son image ?) avec la conscience ; le libre arbitre ; le pouvoir de pénétrer peu à peu l’ordre des choses, et de découvrir les grandes lois de l’Univers. J'y ajoute le pouvoir de lever les impôts, et d'interdire la consommation du tabac, et du vin (avec modération). Sans omettre le pouvoir ultime (immense) de nier la Création elle-même, pour ne plus croire qu'en le pouvoir de l’Homme.


                  cela ne fait que commencer, vous êtes normalement énervés par la question :

                                                             Mais qui est donc Odile ?

                                                  (à suivre une nouvelle fois...)