dimanche 16 septembre 2012

Leïhorra (suite), ou les palombes...

...ou : les palombes de Grüber
Je suis fan de Grüber, et si je suis si fasciné par Leïhorra, c’est en grande partie à cause du vitrail monumental qui forme la porte d’entrée Sud. J’adore ces associations : d'abord d’un architecte, Hiriart, qui donne les proportions : cela doit faire au moins deux mètres de large, la largeur d’une belle porte incrustée dans la façade. Quant à la hauteur, c’est celle du rez-de-chaussée plus l’étage, ainsi éclairés plein Sud. Cinq mètres ou davantage encore ? Les proportions d’une cathédrale ! D’ailleurs on entre dans une nef, le patio, avant d’accéder au jardin Nord, par un transept, puis le chœur représenté par les colonnes style Palladio. Une église, Hiriart était un fan de la vierge Marie de Lourdes ! Il y a ensuite le ferronnier, qui fixe les lignes en fer martelé dans lesquelles s’incrusteront les verres Tiffany. Toujours Schwartz dont je vous ai parlé pour l’hôtel Guétaria (1). Et puis le Maître-verrier. Et son carton. Vous vous rendez compte : la fabrication du  verre américain ; l’assemblage des ferronneries ; l’incrustation des verres, sertis dans les plombs ? Le transport de tout ce matériel ? Et la pose ? Attention de ne pas claquer la porte avec les courants d’air !




















J’adore le choix du carton : il s’agissait à Leihorra d’évoquer la mer, c’est le rôle des salles de bain. Mais nous sommes proches de la montagne et de ses sommets. Il y a des pics, des petits, la montagne de Ciboure, qui culmine à 400 mètres. C’est sans doute le pic du bas dans le vitrail. Mais il y en a six autres ! Le plus haut, c’est forcément la Rhune, larrun en basque. Cela vient de larre, qui veut dire lande. 905 mètres, elle offre un panorama à 360° sur le Pays Basque, les Landes et l’Océan Atlantique. Je ne suis pas assez expérimenté pour nommer les autres : au-dessus il y a sans doute la petite Rhune et le rocher de Subisia ?

En-dessous le sommet d’Erintsu ? les Trois couronnes (Penas de Haya) ? Nous sommes tout près de l’Espagne, et la frontière ici se passe aisément quand on est grimpeur. Il y a des nuages en forme de vagues, entre les pics, pour faire du surf volant. Des obliques de diamants simulent le ruissellement de l’eau et la neige d’hiver.


Et puis tout en haut, j’ai cru pendant un moment qu’il s’agissait d’un vol de quatre halbrans. Ces jeunes canards sont représentés par Schneider dans ses célèbres vases du Verre Français. Valérie Lannes me reprend : « ce sont des palombes » ! Effectivement, les halbrans ont un long cou et pas de queue. Ici la queue des palombes est bien visible !






Je me fais de mieux en mieux à cette interprétation : ces palombes,  je retrouve bien les mêmes dans le ciel du vitrail de Lehen Tokia, la villa voisine, toujours de Grüber :






















Comme vous sans doute, j'ai suivi l'exposition du début de cette année au musée de Nancy, Jacques Grüber et l'Art Nouveau, qui a donnné lieu à une publication fort savante chez Gallimard. Je relis le livre (avec passion), pour constater que d'abord il s'agit bien d'Art Nouveau, dans les années 1900, et que les réalisations plus tardives sont rarement décrites. Et puis les oeuvres répertoriées sont la plupart du temps nancéiennes, oubliant les réalisations disséminées sur tout le territoire français, notamment le pays Basque.

Sauf qu'au musée de Nancy existe justement ce vitrail de 1926, donc Art Déco, même période qu'à Leihorra, dimensions (79 x 56cm), en verres jaune et blanc opalescents. Non seulement le dessin d'oiseau est semblable, mais on retrouve les triangles pointe en bas qui caractérisent le vitrail de Lehen Tokia ! Evidemment je cherche le titre : "La colombe" ! ! Il n'y a pas de quoi se froisser, palombe ; pigeons ; tourterelles ou colombes sont des colombidés, domestiques ou sauvages il n'y a pas de différence essentielle !






































j'ai retrouvé aussi ; "La reconstruction dans l'Est", vitrail pour le Pavillon de Nancy à l'Exposition de 1925, et j'ai extrait les trois colombes à droite !




alors ?

on le fait, ce rectificatif au Musée de Nancy ?