samedi 9 juin 2012

Une journée à la campagne,


Une journée, c’est samedi 9 juin, c’est aujourd’hui. La campagne, c’est, pour les Agros de Toulouse, l’opposé de la grande Ville : se retrouver au milieu des vaches (qui sont des blondes d’aquitaine), premier défi. La campagne en fait désigne Aurignac, oui Aurignac comme l’Aurignacien. Il faut compter une heure de trajet par l’autoroute, et ensuite les petites routes locales étroites attention en face aux camions ! Au programme il y a une excellente conférence de Nathalie Rouquérol, qui est préhistorienne au CNRS. Entendez-moi bien, préhistorienne ne veut pas dire qu’elle date du tout : elle est bien contemporaine, et férue de préhistoire. Elue de la Mairie de Lespugue toute proche. Lespugue ça vous dit quelque chose ? C’est dans les gorges de la Save, pas loin de Boulogne sur Gesse (nous sommes en plein sud-ouest, dans la Haute-Garonne mais en bas), et on y a trouvé la fameuse Vénus, un peu-beaucoup callipyge, grosse poitrine grosses fesses, symbole préhistorien de la fécondité, Vénus qui plus est, est réversible puisque si on la retourne on a comme sur un jeu de cartes une Dame qui de l’envers passe à l’endroit.

Très sympathique conférence sur les Aurignaciens, flatteuse puisqu’on nous confirme qu’ils représentent l’endroit où Edouard Lartet (qui était Gersois, Seissan exactement, vous pensez si on connaît !) a découvert en 1860 pour la première fois la trace simultanée de l’homme préhistorique (de la femme aussi naturellement du genre Vénus). Plus ses outils typiques de l’Aurignacien (des silex taillés en forme de coque de navire renversée ; des ivoires de mammouth ; des bois de rennes) ; et les reliefs de ses repas (du renne encore ; du rhinocéros laineux ; du cerf géant etc…N’oublions pas qu’à l’époque on est en pleine glaciation, et que la faune est celle d’un pays congelé). On avait auparavant trouvé des outils, mais pas les os humains que Lartet a découvert ensuite en nombre dans les autres grottes célèbres comme celles de la Madeleine (Magdalénien).

Notre Aurignacien (-30.000 ans à -20.000 ans) était un Européen, et on a depuis le XIXè trouvé des tas de reliques de l’Espagne jusqu’en Allemagne. Grâce à Aurignac, on a la preuve que l’homme avait des ancêtres (depuis donc 30.000 ans), comme les mammifères et autres grands singes. C’était alors une révolution : pensez, on croyait qu'Adam était né tel quel homo sapiens, sans avoir évolué comme les autres espèces animales !

Après la conférence, Gérard nous invite dans sa gentilhommière entourée d’un parc, et de prés dans lesquelles paissent les fameuses vaches blondes d’Aquitaine. Vous vous demandez à quoi ressemble une gentilhommière et bien voilà, on reconnaît tout de suite les deux tours et le soubassement de la roche mère locale, le poudingue. 

















Dans le parc poussent séquoias, frênes pleureurs, cèdres du Liban, et autres essences superbes il faut vous dire que Gérard est un vrai Forestier.









La sortie continue l’après-midi, toujours à la campagne, mais pas n’importe laquelle : vous vous souvenez de Solutré ? Ici c'est beaucoup plus prestigieux : on se rend dans l’abri où ont été découverts les traces de l’Aurignacien, et on fait tous une minute de silence. Il n'y avait ni eau ; ni gaz ni électricité, encore moins de Sécu, mais nos ancêtres voyageaient beaucoup, chassaient, mangeaient, travaillaient et sculptaient l'ivoire. Il nous faut bien reconnaitre que nous portons en nous une grande partie de leur patrimoine génétique !


Nathalie Rouquolles nous donne rendez-vous à Lespugue le 6 juillet prochain : attendez, est annoncé Bernard Buigues. Vous connaissez ? L’homme qui a découvert le mammouth entier congelé dans la toundra de Sibérie, et l’a ramené pendu à un hélicoptère soviétique géant ? Puis qui a trouvé le corps d’un bébé intact ? Attendez ce qui est extraordinaire c’est que ses mammouths ont -20.000 ans. Ce ne sont pas tout à fait des Aurignaciens, plus âgés de 10.000 ans. Mais des Gravétiens, un peu plus récents. Et bien il vient livrer à Nathalie un bout de défense (de mammouth) en ivoire, pour que les scientifiques (avec des outils de silex préalablement façonnés à la main) s’attellent à la taille d’une nouvelle Vénus, et reconstituent ainsi la technique de sculpture de l’époque !

Hein ?

Il s’en passe de drôles de choses dans nos campagnes !


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P S : nous sommes dimanche 24 juin, et je découvre à Alan cette affiche qui prouve que je ne raconte pas (si peu) d'histoires :